Il y a eu une résurgence de la dénigrement des Français en Amérique ces dernières années..
Je ne mets pas tout simplement l’accent sur la politique, la diplomatie ou même l’économie, mais plutôt sur certaines afflictions très profondes de la psyché américaine. Principaux parmi eux: Le Complexe Camembert et la Fashionista Phobia.
Le complexe du Camembert, comme son nom l’indique, est un peu plus complexe. Il s’agit bien sûr du fromage – à la fois de qualité et de quantité. Les fromages américains sont assez limités: ce qu’on appelle le suisse, le cheddar, le cottage et la crème. Ils sont tous transformés et pasteurisés. (Pasteur, bien sûr, était français, mais ses plus fervents disciples semblent être américains.) Les fromages français, en revanche, sont nombreux: vieillis et moisis, coulants et malodorants, délicieusement variés. Charles de Gaulle a fait cette remarque célèbre: « Tout pays qui produit 350 variétés de fromages ne peut pas être gouverné ». Et il avait raison – alors que les Américains visent à unifier et à simplifier (et à assainir), les Français sont fiers de la diversité et de la multiplicité (et au diable avec un peu de moisissure).
La phobie fashionista est principalement un trouble féminin. Cela frappe d’abord les jeunes femmes, lorsqu’elles réalisent que leurs combinaisons de jogging et leurs chaussures de course ne sont pas à la hauteur de cette petite robe noire et de ces talons aiguilles. Le sentiment d’infériorité augmente avec l’âge, comme une femme américaine mature tâtonne avec
son écharpe, consciente que sa sœur française sait comment attacher son écharpe Hermes au moins 56 façons différentes. Le parfum français est une autre source d’angoisse car la plupart des noms sont, eh bien, français. Même l’eau de Cologne et l’ eau de toilette sont des mots français qui perdent beaucoup dans toute tentative de traduction.
Il existe d’autres névroses encore inconnues et émergentes: la croisade actuelle contre le foie gras, par exemple. Il est assez clair que les Américains projettent leur sentiment secret de culpabilité face à l’élevage avicole cruel aux États-Unis en courant à la rescousse des canards et des oies en France.
Il y a aussi la schizophrénie périodique du vin: jeter d’excellentes bouteilles de Bourgogne et de Sauterne, même de Champagne, pendant une folie de francophobie, puis se convaincre que celui de Californie ou d’Australie est tout aussi bon.
Enfin et surtout, il y a un courant constant de paranoïa à l’égard du mode de vie français. Les Américains sont élevés sur l’éthique du travail et sont souvent fiers d’être des bourreaux de travail. Les Français, comme nous le savons, ont réduit leur semaine de travail à 35 heures, prennent des vacances payées de cinq semaines chaque année et s’enfuient chaque fois qu’ils le peuvent pour se prélasser dans un café. Ceci, concluent la plupart des Américains, va trop loin dans le principe du plaisir. D’une certaine manière, cela semble menacer, ou du moins contredire, notre propre poursuite du bonheur. Les Français s’amusent davantage!