Le débat refait surface avec une régularité presque calendaire : faut-il, oui ou non, instaurer une visite médicale obligatoire pour les automobilistes d’un certain âge ? La question agite les esprits, entre impératifs de sécurité routière, crainte d’atteinte aux libertés, et rejet de l’âgisme. Pourtant, dès 2025, une réforme pourrait bien rebattre les cartes dans toute l’Union européenne.

Vers une nouvelle législation européenne

Le Parlement européen envisage actuellement un texte qui imposerait aux conducteurs de plus de 70 ans de se soumettre à un contrôle médical régulier. Derrière cette initiative, une intention claire : réduire les accidents dans lesquels sont impliquées des personnes âgées. Les statistiques pointent du doigt un risque non négligeable chez les plus de 70 ans, non pas en raison d’imprudence, mais de limitations physiques ou cognitives qui peuvent évoluer sans s’annoncer.

Ce contrôle ne viserait pas à retirer les permis de façon arbitraire ou punitive. Il s’agirait plutôt de vérifier que certaines facultés, comme la vue, l’ouïe, ou encore les réflexes, sont toujours compatibles avec une conduite en toute sécurité.

Par ailleurs, une mise à jour des connaissances du Code de la route pourrait être proposée aux seniors, pour les aider à s’adapter aux évolutions du réseau routier et des règles de circulation. Car entre les nouvelles limitations de vitesse, les zones à faibles émissions et les ronds-points qui se multiplient, conduire en 2025 n’a plus grand-chose à voir avec ce que c’était en 1985.

Ce que font déjà nos voisins

Certains États membres n’ont pas attendu Bruxelles pour agir.

  • En Italie, les conducteurs doivent passer un examen médical tous les dix ans à partir de 50 ans, tous les trois ans après 70 ans, puis tous les deux ans une fois franchie la barre des 80.
  • Aux Pays-Bas, au Danemark ou encore en Finlande, il faut présenter un certificat médical pour renouveler le permis.
  • L’Espagne, la Belgique, la Grèce ont aussi mis en place des exigences similaires.

Ces mesures visent à repérer, avant qu’un accident ne se produise, les fragilités qui pourraient compromettre une conduite sécuritaire.

Un permis à validité limitée ?

L’idée d’un permis de conduire « à durée renouvelable » pour les aînés fait également son chemin. Le principe est simple : comme un passeport ou une carte d’identité, il serait valable pour une période donnée, après quoi un renouvellement serait nécessaire, conditionné par une évaluation médicale.

Cette proposition suscite toutefois des avis très partagés. Certains y voient une avancée pragmatique, qui permettrait de mieux encadrer les situations à risque. D’autres, en revanche, dénoncent une forme de discrimination déguisée, où l’âge primerait sur l’évaluation individuelle.

Une équation délicate

La réalité, c’est qu’on ne peut pas juger les capacités d’un conducteur uniquement à son âge. Il existe des septuagénaires en excellente forme, lucides, prudents, bien plus que certains jeunes qui jouent les cascadeurs à chaque feu rouge.

Plutôt que de brandir la menace du retrait de permis, pourquoi ne pas adopter une approche basée sur le dialogue et la prévention ? Un examen médical, oui, mais dans une logique d’accompagnement. Une révision du Code, d’accord, mais avec bienveillance, pas comme une sanction.

Quelles suites donner ?

À l’heure actuelle, rien n’est encore gravé dans le marbre. Le projet européen suit son cours, les discussions sont en cours à Strasbourg et Bruxelles. Mais une chose est certaine : l’idée d’un encadrement spécifique pour les conducteurs âgés gagne du terrain.

Alors, doit-on prioriser la sécurité routière, quitte à froisser une génération entière ? Ou protéger les libertés individuelles, avec le risque de laisser des personnes fragilisées derrière un volant ?

Le débat est loin d’être clos. Et chacun, selon son histoire personnelle, sa perception du risque ou sa propre expérience de conduite, aura un avis tranché… ou pas.

Et vous, si demain un proche de 75 ans devait repasser une visite médicale pour garder son permis, comment réagiriez-vous ?